La coopération villes-campagnes : propositions pour une réforme des politiques d’aménagement du territoire

20 députés socialistes lancent un appel pour repenser les politiques d’aménagement du territoire.

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Grand oublié des politiques territoriales de ces dernières années focalisées sur les politiques de la ville, le monde rural est-il voué à rester éternellement une zone blanche des politiques publiques ?
A l’heure de «l’affirmation » des Métropoles, on peut le craindre, mais on peut aussi en saisir l’opportunité en reconsidérant notre approche des politiques d’aménagement du territoire.

30 années de décentralisation Deferre ont spectaculairement développé et diversifié l’offre de services dans nos agglomérations de province, et réduit très significativement les déséquilibres d’équipement Paris/province qui caractérisaient le territoire français d’après-guerre.

L’enjeu est aujourd’hui d’encourager le « desserrement » de cette offre de services des agglomérations vers leurs périphéries, en se gardant à la fois d’une vision trop assistancielle des territoires, et de l’illusion de leur compétition à armes égales.
Le monde rural est dans bien des domaines, directement impacté par les politiques urbains, comme ces derniers sont étroitement dépendant des ressources de leurs périphéries.
Cette interdépendance, désormais indissoluble, appelle une nouvelle génération de politiques d’aménagement du territoire, basée sur un décloisonnement des politiques rurales et urbaines et une étroite coopération stratégique et programmatique entre villes et campagnes.

Trois grandes questions d’aménagement du territoire appellent aujourd’hui des solutions de cet ordre :

1- Métropoles, agglomérations et départements doivent s’efforcer de mettre en commun leurs stratégies territoriales et de les partager avec les structures intercommunales porteuses des schémas de cohérence territoriale (SCoT), en rendant obligatoire la démarche « inter-SCoT », d’ores et déjà engagée dans plusieurs départements. Il s’agit de mobiliser les différents niveaux territoriaux, urbains, péri-urbains et ruraux, dans des choix partagés d’affectation de l’espace, d’urbanisme, de logement, de déplacements, de traitement des déchets… contractualisés et révisables périodiquement.

2- Dans le domaine de l’habitat et du logement, il devient urgent de mettre en place des outils dédiés à la rénovation des nombreux centres-bourgs qui se nécrosent en poches de pauvreté et d’habitat insalubre, susceptibles de poser très rapidement les mêmes types de problème que nos banlieues urbaines. Ne pourrait-on envisager que le « marché » souvent très rentable et parfois subventionné de l’habitat en milieu urbain, contribue pour partie à financer ou garantir des programmes de rénovation en centres-bourgs ruraux ?

3- Enfin, l’équipement des territoires en services publics et privés de qualité doit s’appuyer sur une évaluation des besoins des bassins de vie, plutôt que sur des offres institutionnelles aveugles, cloisonnées, et incohérentes. Une programmation concertée et périodique sur les territoires des services et équipements publics pilotés par les régions, départements, structures intercommunales, Etat et ses administrations déconcentrées, est indispensable à une optimisation de l’offre de services publics en fonction des évolutions démographiques.
Dans un paysage désormais irréversiblement décentralisé, et à l’heure de l’affirmation des Métropoles, l’enjeu d’une coopération territoriale et institutionnelle, incitée, organisée et encadrée par la loi, entre espaces urbains et ruraux, est déterminant de l’avenir du territoire national et ses grands équilibres socio-économiques.

Ce virage coopératif n’est pas seulement une nécessité sociale, il est devenu une exigence de cohésion républicaine, à portée de la disette budgétaire actuelle.